
L’infertilité est un problème de santé publique planétaire qui touche des millions de personnes en âge de procréer. Les données disponibles révèlent qu’environ 48 millions de couples et 186 millions de personnes sont touchés par linfécondité au niveau mondial. Ce problème de santé n’épargne pas non plus le Mali qui demeure fortement touché.
L’infertilité est une affection du système reproducteur masculin ou féminin définie par l’impossibilité daboutir à une grossesse après 12 mois ou plus de rapports sexuels non protégés réguliers.
Linfécondité primaire est l’incapacité à concevoir, tandis que l’infertilité secondaire est l’incapacité à concevoir après avoir conçu au moins une fois. La classification internationale des maladies de l’OMS fournit de plus amples informations sur les nombreuses causes primaires et secondaires d’infécondité, tant chez la femme que chez lhomme.
En Afrique, l’infertilité est un problème dramatique difficile à supporter pour le couple. C’est la principale cause de discorde conjugale ou de divorce. Elle est considérée comme due au destin, ou à une malédiction infligée au couple.
Pour la femme, cela représente une punition divine, car c’est généralement la femme qui est blâmée pour le problème. La responsabilité masculine n’est découverte que lors de l’évaluation de l’infertilité du couple. L’infertilité demeure un problème socioculturel majeur compte tenu du fait qu’au Mali et ailleurs, le but principal du mariage reste la procréation. La naissance d’un enfant est une source de joie et contribue au maintien d’une certaine harmonie dans le foyer.
Avis dun spécialiste
Le Pr. Théra du Centre hospitalier et universitaire (CHU) du Point G souligne que l’infertilité peut être due à des facteurs propres à lhomme et/ou à la femme ou peut avoir des causes inexpliquées.
« On parle d’infertilité lorsqu’un couple ne parvient pas à faire un enfant au bout de 12 à 18 mois, malgré des rapports réguliers et en l’absence de contraception. Au-delà de ce délai, le médecin va rechercher la ou les causes possibles », explique-t-il.
Il laisse entendre quil existe principalement six causes d’infertilité les plus fréquentes qui sont : l’horloge biologique, les troubles ovariens, les troubles hormonaux, l’endométriose, les anomalies morphologiques et les infections sexuellement transmissibles.
Ainsi, il estime qu’on a tendance à l’oublier mais le principal facteur qui limite la fertilité reste l’âge maternel. Selon lui, les femmes qui veulent faire un enfant doivent songer à la maternité avant 35 ans si elles ne veulent pas connaître les affres de l’infertilité.
« Le nombre d’ovules dont nous disposons à la naissance (nos réserves ovariennes) chute à un rythme beaucoup plus rapide qu’on ne le croit. La fertilité des femmes est à son maximum à 20 ans, à 30 ans, une femme ne dispose plus que de 12 % de ses ovules… et n’en a plus que 3 % à l’âge de 40 ans », dit-il.
Il ajoute que les troubles ovariens qui sont l’absence d’ovulation (on parle alors d’anovulation) ou les troubles d’ovulation (dysovulation) y sont pour beaucoup. « Ces troubles d’origine ovarienne se traduisent par l’absence de production d’ovocytes fécondables. On évoque souvent ce diagnostic devant des règles absentes ou irrégulières », précise le toubib.
Il indique que cela peut être dû au syndrome des ovaires poly-kystiques, qui touche entre 5 et 10 % des femmes en âge de procréer et se caractérise par le développement de multiples kystes sur les ovaires, provoquant une irrégularité des cycles. Ensuite, l’insuffisance ovarienne qui touche 1 % des femmes et se caractérise par une absence totale d’ovulation, le plus souvent définitive.
Pour ce qui est des anomalies morphologiques, il précise quà ce niveau, la cavité utérine étant le lieu d’implantation de l’embryon, lorsque l’utérus présente une malformation (cloison utérine, synéchie ou brides cicatricielles), cela peut gêner cette implantation.
« Une anomalie du col utérin (due à une infection ou à un traitement antérieur de lésions du col de l’utérus) peut aussi empêcher la sécrétion de glaire cervicale alors que c’est elle qui a le pouvoir de ‘booster’ les spermatozoïdes en leur fournissant l’énergie nécessaire pour aller jusqu’à l’ovule », affirme-t-il.
En outre, il estime qu’un fibrome de l’utérus (également appelé myome) peut également gêner l’implantation d’un éventuel embryon. Enfin, Pr. Théra ajoute que les infections sexuellement transmissibles sont également des facteurs déterminants qui font obstacle à la fécondité. « Certaines IST qui ne sont pas traitées suffisamment tôt, en particulier les infections à chlamydia, peuvent laisser des traces sur les trompes ou provoquer une endométrite (infection de la paroi utérine) et empêcher la bonne implantation d’un embryon ».
Cependant, tant pour les femmes que pour les hommes, des facteurs environnementaux et liés au mode de vie comme le tabagisme, la consommation excessive dalcool, lobésité et l’exposition aux polluants présents dans l’environnement ont été liés à des taux de fécondité plus faibles.
Les répercussions
L’infécondité a des répercussions sociales négatives importantes sur la vie des couples concernés et en particulier des femmes, qui en subissent fréquemment les conséquences telles que la violence, le divorce, le rejet social, le stress émotionnel, la dépression, lanxiété et la piètre estime de soi.
Dans certaines régions où la société accorde une forte valeur à la procréation (cas du Mali), la crainte de l’infécondité peut dissuader les femmes et les hommes davoir recours à des moyens contraceptifs s’ils ressentent une pression sociale de prouver leur fécondité à un âge précoce.
L’infécondité peut également avoir un impact économique négatif lorsque les ménages se voient obligés de verser des sommes très importantes pour accéder à un traitement.
Victime de cette maladie, A. G. confesse : « Au début, je pensais que cétait les maux de ventre qui étaient à lorigine du fait que je nai pas denfant. Après plusieurs traitements inefficaces, nous sommes allés avec mon mari au CHU du Point G pour des examens approfondis. Cest là que jai découvert que la probabilité que j’enfante était juste de 5 %. Une nouvelle difficile que jai fini par accepter. Cela fait 5 ans que je suis mariée et je nai toujours pas de progéniture. Parfois, mon mari s’énerve tout seul mais il sait bien que je ne suis pas fautive ».
Bagayogo vit le même calvaire dans son couple. Il explique qu’après sept ans de mariage, il ny a toujours pas d’enfant dans le foyer. « Je ne sais pas réellement ce qui se passe, en tout cas je ne suis pas le coupable. Jai déjà un enfant avec une autre femme que je n’ai pas épousée, cela signifie que je ne suis malade. Maintenant avec ma femme, nous allons tout mettre en œuvre pour trouver un remède efficace pour la traiter. Je suis conscient du fait quelle a besoin de tout mon soutien, alors je serai avec elle et nous allons trouver une solution ».
Les traitements
Les traitements proposés dépendent évidemment des causes de l’infertilité. Quels sont les traitements adaptés aux soucis de fertilité, selon que vous soyez un homme ou une femme ?
Les traitements proposés en cas d’infertilité dépendent évidemment des causes de l’infertilité trouvées lors des investigations médicales. Ils s’adaptent également à l’âge du couple, à ses antécédents médicaux et aux nombres d’années durant lesquelles ils ont souffert d’infertilité.
Cependant, il arrive que certaines causes d’infertilité restent inexpliquées et, par conséquent, ne puissent être traitées. Si vous préférez commencer par un traitement naturel, l’acupuncture permettrait, en diminuant le stress et l’anxiété, d’augmenter les chances de réussite. Elle permettrait, selon une étude publiée dans le journal Fertility and Sterility, d’améliorer la qualité du sperme de certains hommes.
Traitements de l’infertilité chez les hommes
Chez l’homme, des médicaments ou une thérapie comportementale peut soigner certains troubles de l’éjaculation et permettre à son couple de concevoir un enfant. Sil y a peu de spermatozoïdes dans le sperme, des hormones peuvent être prescrites pour corriger ce problème ou une chirurgie peut parfois être proposée. C’est le cas, par exemple, pour corriger une varicocèle, une dilatation des veines du cordon spermatique, situé dans les testicules, par exemple.
Traitements de l’infertilité chez les femmes
Chez la femme qui présente des troubles du cycle du sommeil, des traitements hormonaux peuvent être efficaces. Le clomifène citrate ou Clomid par voie orale est prescrit pour stimuler l’ovulation. Ce médicament est efficace en cas de dérèglement hormonal, puisqu’il agit sur l’hypophyse, une glande qui sécrète les hormones qui déclenchent l’ovulation. Plusieurs autres hormones peuvent être prescrites par injection pour stimuler l’ovulation.
En cas d’hyperprolactinémie, de la bromocriptine peut également être prescrite. Dans certains cas, une opération chirurgicale peut être nécessaire. Si les trompes de Fallope sont obstruées, une opération peut en effet remédier à ce trouble. En cas d’endométriose, des médicaments pour stimuler l’ovulation ou une fécondation in vitro peuvent être nécessaires pour espérer concevoir un enfant.
Procréation médicalement assistée, autre solution de taille selon des experts
« En cas d’infertilité qui reste toujours inexpliquée, les techniques de procréation médicalement assistées se révèlent parfois nécessaires, si le couple continue de présenter des difficultés à concevoir. La fécondation in vitro est la technique de procréation assistée le plus souvent utilisée. Comment ça se passe ? Les spermatozoïdes de l’homme sont mis en présence de lovule de la femme, en laboratoire, puis lembryon est réimplanté dans lutérus de la future mère », explique Dr. Jacques Allard.
Jean-Yves
